Le PCLD est constitué d’infirmiers, d’ASSC et d’aides à domicile. Tour de table avec trois d’entre eux pour mieux cerner leur travail et leurs défis au quotidien.

Dans quel CMD travaillez-vous actuellement et quel est votre rôle par rapport à un collaborateur travaillant de manière permanente dans une EMD ?

Cathy Aubord, aide à domicile (AD) :

En ce moment, je travaille dans une équipe du CMD Pâquis. Mon rôle est conforme aux objectifs du PCLD qui est de reprendre le portefeuille de clients d’un collègue actuellement en arrêt de longue durée.

Fabien Chatelus, infirmier (INF) :

Quant à moi, je suis dans une équipe du CMD Carouge et je poursuis le travail de la personne que je remplace. Ma mission n’est pas différente d’un collaborateur permanent, c’est précisément la mission du PCLD que de remplir l’entièreté du cahier des charges d’un collaborateur dans ses divers rôles.

Pierre Schlatter, assistant en soins et santé communautaire (ASSC) :

Je travaille dans une équipe du CMD Pâquis. Comme tous les collaborateurs du PCLD, je suis référent. Cela fait un an que j’ai intégré le PCLD. Je remplace essentiellement des collaborateurs en absence longue durée (de 6 à 15 mois) dont je reprends la clientèle. Mon travail consiste à effectuer des soins délégués et des évaluations d’aide pratique comme tous les ASSC à imad.

Quelles sont les qualités principales qu’il faut avoir pour travailler au sein du PCLD ?

Cathy Aubord, AD :

Je dirais la flexibilité. Il faut savoir s’adapter car on arrive bien souvent dans une équipe qui a ses propres habitudes. Il s’agit alors de prendre connaissance du quartier où se situent nos interventions, de la problématique des clients que l’on doit suivre et de comprendre la prise en soin de chacun d’eux. Il faut aussi essayer de trouver sa place au sein d’une équipe qui a déjà une identité constituée. Chaque nouvelle mission requiert une capacité d’adaptation.

Fabien Chatelus, INF :

Je rejoins Cathy sur la flexibilité. Je rajouterai la gestion des horaires qui est adaptée selon la typologie des clients. Etre mobile est également important, si on vit d’un côté du canton et qu’on effectue une mission de l’autre côté de celui-ci, il faut organiser sa vie personnelle en fonction. Il faut également être doté d’une bonne capacité d’intégration. Chaque équipe possède une « micro culture » avec une histoire, un vécu. Il faut savoir s’y intégrer tout en conservant notre « casquette » PCLD.

Pierre Schlatter, ASSC :

Selon moi, il faut être mobile et, comme tous les collaborateurs imad, être force de proposition. imad connaît actuellement un plan de développement rapide dans lequel on délègue de plus en plus de soins aux ASSC. Or, le taux de délégation n’est pas encore uniforme dans l’institution. Dans mon équipe actuelle, je prends en charge des actes délégués par les infirmières tels que les commandes de médicaments auprès des pharmacies.

Ce qui est primordial, c’est le soutien du RE de mission et du PGE. Ce soutien est aidant pour la suite de la mission. Par ailleurs, nous assistons chaque mois, en plus des colloques d’équipe, à un colloque au sein du PCLD. Cela nous permet d’être au courant notamment de ce qui est nouveau au sein de imad et en lien avec la stratégie Cap’139 par exemple.

Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez en arrivant dans une nouvelle EMD ?

Cathy Aubord, AD :

Lorsqu’on arrive dans une équipe qui a ses habitudes et qui est bien structurée, apporter un autre point de vue sur une situation client, voir une problématique sous un angle différent, discuter d’alternatives avec nos collègues de mission peut être un exercice délicat mais motivant et in fine peut être considéré comme une plus-value.

En tant que référent ou principal intervenant, bénéficiant d’une expérience variée dans différentes équipes, les cas les plus complexes peuvent nous être confiés. Nous sommes considérées comme des personnes ressources pour nos compétences.

L’autre défi, c’est de construire la relation avec les clients qui peuvent nous percevoir comme un nouveau collaborateur alors que nous sommes expérimentés. Une relation de confiance est à établir.

Fabien Chatelus, INF :

Pour moi qui en suis à mon sixième remplacement, je dirais que l’arrivée et le départ dans une équipe sont les deux moments les plus importants.

Parvenir à s’adapter dans la relation de confiance avec le client demande beaucoup d’investissement. Il faut capitaliser sur notre expérience et disponibilité dès le début, ce qui requiert de l’énergie. Le degré de cet engagement facilitera par la suite la relation avec les clients comme avec l’équipe.

Après huit, neuf, voire 15 mois passés dans une équipe, partir est un autre challenge. Savoir prendre du recul par rapport à ce départ, tourner la page pour pouvoir s’investir sur une prochaine mission est essentiel.

De même, la capacité à prendre du recul est un prérequis pour assurer une prise en charge de qualité dans des situations de soins parfois complexes.

Pierre Schlatter, ASSC :

Cela fait 25 ans que je travaille dans les soins. Mettre mon expérience au profit de mon intégration au sein d’une équipe est le plus grand défi, car il faut renouer des relations avec de nouveaux collègues. Ceci dit, le vrai défi est aussi de donner de la légitimité à mon rôle de remplaçant, de trouver cette légitimité au sein d’une équipe dans un laps de temps parfois court.