La e-santé nous offre des perspectives aussi réjouissantes que fondamentales pour améliorer encore la qualité du maintien à domicile. Grâce au traitement des données médicales couplées au parcours de vie des clients, nous serons mieux à même d’anticiper leurs besoins et de leur proposer des solutions sur mesure. Frédéric Budan, directeur du domaine e-santé et organisation métier à imad nous explique comment.

Qu’est-ce que la e-santé ?

C’est un nouveau domaine qui consiste à appliquer les technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé. Pour y parvenir, il faut se baser sur la chronologie de vie du patient : du développement de sa maladie et de sa prise en charge thérapeutique (stades de prévention et diagnostic) à l’établissement d’un pronostic.

Quelle est l’implication de imad dans ce domaine ?

Actuellement, l’institution dispose d’un dossier clinique par client dans l’application Medlink. D’autres outils, tels que le COMID (instrument d’évaluation de la complexité multidimensionnelle) ou le RAI [1], lui permettent de connaître 100% du profil de ses clients. Si cela est possible, c’est avant tout grâce aux collaborateurs terrain qui alimentent avec rigueur ces données.

Quels seraient les bénéfices pour les clients ?

Avec 17’141 clients, nous bénéficions d’une masse de données médicales et personnelles (parcours de vie, mode de vie, environnement, anamnèse [2] ) qu’il faut pouvoir exploiter. La e-santé, intégrée par la DSI au sein de imad, nous permet de le faire en vue d’améliorer la prise en charge de nos clients, d’éviter les hospitalisations et réduire les coûts de la santé. En analysant ces données avec Catherine Busnel, responsable de l’unité recherche et développement, nous avons identifié deux profils de clients. Les clients dits « simples » et les clients complexes. À partir de là, nous avons analysé ce qu’est un client complexe et documenté ce type de profil. Cette démarche a permis de définir la prise en soins adéquate et de développer l’interprofessionnalité entre les infirmières, les médecins, les clients et les proches aidants. À terme, grâce aux données du RAI, nous pourrons anticiper les signes de fragilité chez les personnes âgées et agir de manière préventive. Ainsi, avec la e-santé, nous passerons du curatif, c’est-à-dire soigner les personnes, au prospectif/préventif, à savoir identifier et prévenir ce type de syndrome (causé par des modifications physiologiques liées à l’âge, à des facteurs sociaux liés à la précarité, l’isolement, etc.)

Pour assurer la continuité et la qualité de la prise en charge de nos clients, nous avons besoin d’avoir une vision globale de leur parcours médical. Aujourd’hui, il arrive que ce soit le client qui nous informe être sorti de l’hôpital. Avoir cette vue d’ensemble implique bien sûr d’accompagner les soignants dans l’usage de ces nouveaux outils numériques et de travailler en interprofessionnalité avec les médecins comme avec nos partenaires du réseau de soins.

Au niveau de la sécurité de l’information, quelles sont les garanties de confidentialité des données traitées ?

Notre institution est consciente que les données médicales sont une cible privilégiée des cybercriminels en raison de leur valeur marchande. La protection des données est donc une priorité pour imad qui, par ailleurs, a un devoir régi par la loi sur l’information du public et l’accès aux documents (LIPAD), de protéger les informations qui lui sont confiées. À titre d’exemple, imad a adhéré en mars 2018 à la plateforme Health Info Net (HIN) afin de sécuriser ses communications par email.

Quelles sont les prochaines étapes ?

La prochaine étape est de partager ces informations et de s’enrichir des données des médecins traitants, des spécialistes, des HUG et plus tard du client pour alimenter le plan de soins partagé (PSP). Le défi est d’accompagner le collaborateur terrain dans la documentation de son activité. C’est ce que nous expérimentons déjà avec un projet constituant les prémices du plan de soins partagé. Celui-ci consiste à identifier ce qui doit figurer dans le dossier du client. Nous sommes actuellement en train de valider le proof of concept (démonstration de faisabilité) du PSP. Celui-ci sera déployé sur l’ensemble du canton mi-2020.



[1] Méthode d’évaluation structurée, multidimensionnelle, complète et fiable permettant d’identifier précocement des problèmes médicaux, fonctionnels ou sociaux chez la personne âgée fragile.

[2] L’anamnèse est le récit des antécédents d’un malade. Elle retrace les antécédents médicaux et l’historique de la plainte, la douleur actuelle du patient, ainsi que les résultats des différentes explorations déjà faites et les traitements entrepris.